CHAPITRE III
u’est-ce
qui attache et surprend davantage
dans le miracle de Bonaparte ? Est-ce le fait
qu’il fut le plus nombreux des humains ou le
plus solitaire d’entre eux ? Quelle solitude chez celui
qui, le jour du sacre, tenant à sa merci le pape dans
Notre-Dame ébranlée de musique, incendiée de
lumière, estima sa valeur sans seconde et jugea
ne pouvoir disposer que de ses propres mains pour
saisir la couronne impériale et l’assujettir sur sa
tête ! Quelle foule dans le cœur du vaincu de
Fontainebleau, qui, ayant absorbé le poison
dont mourut Condorcet, et si décidé à périr qu’on
le voyait ravaler ses vomissements, recense cependant avec tranquillité ses chances réelles,
et, couché dans la pénombre de la chambre
écarlate, dit avec discernement, d’une voix
affaiblie mais nette : « Tel régiment, tel corps