que le miracle humain est si rare, honorons le dieu solide et calme qui repose sous le dôme des Invalides dont il ordonna lui-même la rêveuse dorure, par fidélité à tout ce qui fut sa jeunesse, parce qu’il aimait à évoquer les minarets poétiques du Caire avec la même sensibilité qu’il mit à glorifier indéfiniment le soldat Muiron, tué pour lui dans la journée d’Arcole, le couvrant de son corps. « Je prendrai le nom de Muiron », disait-il souvent, lorsqu’il jugeait son rôle immense terminé et sa présence en France nuisible à la patrie. « Sous le nom de Muiron, répétait-il, je recommencerai une nouvelle vie… »
Ce sont là des anecdotes du cœur, les plus émouvantes, il est vrai, si l’on songe que sans cesse le héros fut en droit d’exprimer ce qu’il ne voulut consigner qu’une fois : « J’ai porté le monde sur mes épaules, cela ne va pas sans quelque fatigue… »
Citons, à présent, ce que furent les projets du bâtisseur, les prophéties du puissant devin. Qui n’a pas reproché à Napoléon l’hallucinante et désastreuse campagne de Russie ? On attribua ce terrible élancement vers le Nord à l’ennui, à la fatigue d’un esprit que le repos et les sages pensées ne pouvaient satisfaire, enfin à quelque irritante maladie de l’épiderme qui jette l’individu hors de soi. Pourtant, Napoléon, harcelé par les exigences de ses frères devenus rois et qui renouvelaient sans cesse leur souhait de goûter un divertissant