des adolescents qui se livrent entièrement à elle.
Mon père, dont les ancêtres et le père avaient régné sur la Valachie, qui était par tradition le filleul de l’empereur d’Autriche et tenait à grand honneur qu’un de ses ascendants eût entretenu une correspondance avec Louis XIV, loin de proférer des paroles d’inimitié contre la République, en parlait avec respect et optait pour elle.
La situation de mon père ne me semblait pas définissable. « Où est la couronne ? » demandais-je souvent à mes bonnes, et j’ajoutais : « Est-ce qu’une petite fille a le droit aussi de mettre un cercle d’or sur sa tête ? » Devant le mutisme ou les réponses indifférentes des bonnes sur ce sujet, je cessai de croire à son importance et de m’intéresser à des règnes sans parure.
Ma mère, émue d’avoir été élevée sur les genoux de Victoria, reine d’Angleterre, lui portait un respect si grand qu’elle ne permettait pas qu’on dît devant elle que la reine avait le goût des apéritifs et qu’elle accordait une familière bienveillance au superbe et modeste Écossais en costume national que l’on remarquait toujours à ses côtés.
L’année de mon mariage, je vis à Nice, dans un landau découvert, sur le chemin or et bleu de la Corniche, et puis portée à bras par des Orientaux étincelants comme en représentèrent plus tard les ballets russes, une très grosse et très courte petite