Page:Noailles Le Livre de ma vie.djvu/228

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHAPITRE XII


Paul Mariéton et l’école romane. — Un lutin de Shakespeare. — L’abeille virgilienne du verger de Mistral. — L’Exposition Universelle. — La carte du monde. — La tour Eiffel et François Coppée. — Rencontre avec Pierre Loti. — Adolescence. — Ma sœur et moi. — Lutte contre le destin.



Parmi les pittoresques amis de notre mère, qui créent autour des enfants un climat séduisant, tant par le charme ou la gaieté émanant d’eux, que par l’observation qu’ils éveillent, je ne citerai que ceux dont mon imagination bénéficiait. Des l’âge de dix ans, je vois autour de nous, surtout à Amphion, où le peu d’importance accordé aux devoirs de vacances nous permettait une large liberté, Paul Mariéton, figure étonnante par l’alliance de la valeur réelle et du comique le plus certain. Ce Lyonnais au visage d’un rose de fleur, aux tempes ornées de quelques cheveux dorés, tournés en vrille, devait à sa passion pour l’œuvre de Mistral d’être devenu Méditerranéen, Ligure, Phocéen, citoyen d’Arles et d’Avignon, pèlerin fervent des portail en bois sculptés d’Aix et des paysages de Cassis.