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ronniers jonchent le sol, parure inutile, grains de grenade moelleux qui pourrissent à terre. Le petit cloître qui borde le jardin est fermé ; des enfants pauvres, aux pas encore mal assurés, essaient tout seuls, avec la morne gravité si poignante des petits indigents, leurs premiers jeux, dans ce silence qui regrette et pleure des âmes. Les cloîtres fermés sont des tombeaux sans morts, autour de qui voltigent de légers reproches, semblables au vol désemparé et aux longs cris d’adieu des hirondelles.

Je pense à vous, innocentes congrégations rêveuses, pour qui le mot ciel avait une signification précise, impossible pour nous, mais toujours désirée !

Je m’approche de la chapelle ; mon cœur se serre. L’escalier de granit, la porte close sont encombrés de vils objets. Parmi ce désordre je vois les débris d’un berceau d’osier, petit lit de paysan qui se dénatte, usé par le soleil et les pluies. Les splendides glycines, tout imbues d’elles-mêmes, semblent repliées sur leur propre parfum et