Page:Noailles - Passions et vanités, 1926.djvu/63

Cette page a été validée par deux contributeurs.

deux était la première, la plus estimée, la plus méritante, la plus aimée de Dieu. Je voulais le savoir pour plaindre l’autre, pour compatir à l’infortune de son rôle secondaire, pour la dédommager, par ma tendresse et ma confiance, de cette situation diminuée, que je jugeais, dans ma fierté, difficilement acceptable. Un oratoire était consacré à saint François de Sales, mais cette statue-là était d’un paisible aspect ; l’archevêque de Genève ne me plaisait pas ; son visage à barbe carrée, son regard d’un bleu sec, son surplis de broderie, — tel enfin que le représentait l’imagier, ne retenait pas mon cœur ; cette fois-ci, le peintre nous séparait.

À la fin de la messe, au moment où, peut-être, ma turbulence contenue d’enfant eût pu commencer à se lasser du divin climat de l’église, éclatait le chant charmant et psalmodié des religieuses agenouillées dans un banc à nos côtés, auquel répondaient, de derrière un noir grillage lustré qui faisait le fond de la chapelle, les religieuses invi-