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Dirai-je qu’en me rendant, à quatorze ans, les dimanches de juillet, dans un poudroiement de soleil et de poussière, chez les religieuses Clarisses, j’étais une enfant dévote que le service de Dieu uniquement attirait ? Non point. Certes, le dimanche matin me semblait marqué pour la joie, et pour une joie religieuse, mais j’étendais à tous les sentiments cette gravité et cette liesse.

— Jeunesse, ambition, amour, munificence, paysages infinis, je vous ai possédés au son d’une cloche de couvent, dont les vibrations glauques et liquides chantaient tous les départs, toutes les constances, et sanctifiaient la sublime générosité du désir !

Si jamais j’ai été fière d’un beau visage enfantin, triomphante d’un gai chapeau, occupée de l’ombre régulière que mes cheveux devaient former sur mon front, — enfin, si jamais j’ai ressenti la gratitude de posséder cette part individuelle du ciel qu’est l’adolescente beauté, c’est bien le