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l’oursin, sentent passer sur elles le vent continu : torrent d’air qui remue et bouillonne ainsi qu’une eau plus subtile. Dans des mottes de terre mouillée, la poire trop mûre gît. Détachée de la branche noueuse, elle repose là, ensevelie à moitié ; au flanc de ce beau fruit perdu, une plaie parfumée et moisie offre sa bouche sucrée qui retient le groupe enivré des dernières abeilles.

— Automne, automne, crépuscule des années, vous en qui redescendent et s’épuisent les fusées du pompeux, du fantasque, de l’insouciant été ; calme moissonneuse au cœur ouvert, en qui tout rentre et se confond pour les résurrections infinies, vous qui absorbez pour émettre, ne connaîtrai-je pas votre fatigue sans faiblesse, votre dénûment noblement accepté, et ce mystique espoir en la vie éternelle par quoi vous possédez la quiétude harmonieuse et la sérénité ?

Octobre 1912.