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mêlant la naïve gaîté du mâle à l’automne d’or du cœur féminin, riche de science et de douceur, mais qu’ils n’échangent pas l’anneau nuptial, qu’ils ne reçoivent pas de félicitations, qu’ils n’avouent pas, qu’ils ne disent rien ! À cette condition, ils le savent bien, leur félicité nous touche plus qu’aucune autre ; elle n’est pas plus précaire, et pourtant le paraît ; nous les aimons, nous avons peur pour eux, nous avons peur pour nous, surtout, qui pouvons être à leur ressemblance ; et qui n’a pitié de soi, qui ne se plaint, qui ne se pleure !

Pendant cette méditation poignante, la dîneuse au masque indevinable, a, certes goûté le mets voluptueux, qui, à lui seul, excuse le dîner ambulant. Elle a mangé, caressé des lèvres et du palais, le poétique, le voluptueux foie gras : rose de Bengale fondante, crème et beurre d’œillets roses, auprès de quoi tout fruit n’est qu’une eau parfumée !

Anticipons. La voici rentrée chez elle, vers minuit, cette femme difficile, chez qui