Page:Noailles - Passions et vanités, 1926.djvu/41

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans sa jeunesse comme le net bégonia à l’aube, pose enfin, vers soixante et dix ans, des mains tremblantes d’amour sur le visage du jeune Anglais que ses yeux voilés lui interdisent de contempler, voilà une tragédie éternelle, un mal cruel et divin dont les martyres remerciaient sans doute les dieux, car, — un sage l’a dit, — il n’est de mort miséricordieuse que de mourir d’amour ! Mais est-il raisonnable, est-il réjouissant de voir, unie par les liens serrés du mariage, la femme, si plaisante soit-elle, qui, au côté de son jeune époux, nous instruit du bonheur conjugal de son fils et de ses filles, nous informe des prénoms pimpants dévolus à ses petits-enfants, dont elle vient d’être la marraine ?

Ah ! qu’ils aillent rêver sur le golfe de Naples, Lui et Elle, quels que soient les ans qui les séparent ; qu’ils parcourent les sables africains, cahotés par les chameaux asservis et pensifs, au long col émouvant, cygnes géants et fauves du désert, Elle et Lui, qui se complètent mystérieusement en