Page:Noailles - Passions et vanités, 1926.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La vieille dame, elle, n’est jamais là. Dieu merci, on ne la voit plus. Elle est transfigurée et remplacée par la jeune femme lasse mais durable, par la matrone rieuse, solide, spirituelle et dansante, quelquefois aussi par ce que l’on appelle « la vieille folle » sans que le mot vieille puisse s’appliquer à son âge, mais seulement, ô merveille du langage rapide et vague, à ses fantaisies et à son intrépidité ! La dame qui nous épargne la tristesse de songer à sa vétusté qu’elle ignore et n’arbore point, ne s’inquiète pas de sa santé, n’a renoncé à rien. Elle n’a pas la bienveillance qui émane du déclin, elle n’est pas comme le monsieur vieux et charitable, elle n’est pas indulgente, elle n’est pas devenue gentille !

L’extrême douceur est déjà une faillite, un aveu de faiblesse, une excuse qui escompte les égards et la discrète compassion. Ces bénéfices, la fierté féminine ne les sollicite guère, ne les reçoit qu’avec mélancolie, ingratitude peut-être. La plus nonchalante des femmes, celle que n’aurait ja-