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restait accroché au fermoir de nacre ou d’or de leurs manchettes ! Ils n’entendront plus la voix dolente, vaincue, mais dispose et résolue s’écrier : « Mes cheveux ! », au moment de les rejeter rapidement et prudemment hors des plus vives étreintes.

Avoir écarté de l’amour l’un de ses témoins, l’une de ses victimes, la chevelure dénouée, quelle mutilation de l’abandon, quelle diminution de la véhémence, du désordre et de la surprise ! Disparue, désormais, la jeune femme à demi-coupable et déjà inquiète, recherchant craintivement l’épingle d’écaille glissée sous les coussins du fauteuil, du divan, et jusque sur le tapis, où, enfin, on la retrouve, complice discrète qui revient, absout et répare.

Quoi ! jamais plus ces deux mains anxieuses et menteuses qui, au moment de rejoindre les hôtes trahis, s’assurent du bon aspect de la coiffure rétablie, tandis que l’esprit rasséréné permet d’offrir aux spectateurs une physionomie sans mémoire !

Jamais plus, dans l’obscurité et le silence