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dont l’aristocratie italienne, qui les possède, se réserve jalousement le privilège. C’était un matin des premiers jours d’avril. Nous visitâmes, guidés par un hôte aussi hospitalier en l’occurrence qu’il était réservé à l’ordinaire, cette demeure pompeuse et secrète qu’il habitait avec une farouche grandeur, comme le lion loge entre les rochers.

Le repas de midi fut servi dans le verger ; les cerisiers, en fleur à cette époque, couvraient tout l’espace de leurs prodigieuses fusées de blancs flocons.

Occupés à nous entretenir avec les jeunes Français, qui partaient le soir même pour Athènes, de leurs projets et de leurs travaux, nous négligions la compagnie féminine, lorsque je fus touché de la manière dont la créature qui nous intéresse goûtait une journée de printemps.

La religieuse ravie qui pendant trois cents ans écouta, dit la légende, le chant du rossignol, et quelques peintures du couvent de Saint-Marc à Florence, ont autant de pureté éblouie. Un des futurs élèves de l’école d’Athènes se plut à renseigner la jeune femme dans sa contemplation, en la documentant sur ses chers cerisiers, qu’un général romain, lui dit-il, vainqueur de Mithridate, avait importés solennellement à Rome, de Cérasos, la ville asiatique.