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Ce matin, dans le vent qui vient puiser les cendres
Pour les mêler au jour ivre d’air et d’éclat,
Je respire ton cœur voluptueux et tendre,
Pauvre Cécile Métella !

Tu n’es pas à l’écart des saisons immortelles,
Un tourbillon d’azur te recueille sans fin ;
Je n’ai pas plus de part que tes mânes fidèles
À l’univers vague et divin !

Les blancs eucalyptus et le cyprès qui chante,
Où viennent aboutir les longs soupirs des morts,
Racontent, chers défunts, vos détresses penchantes,
Votre sort pareil à nos sorts.

Quels familiers discours sur la voie Appienne !
Tissés dans le soleil, les morts vont jusqu’aux cieux
Vous renaissez en moi, ombres aériennes,
Vous entrez dans mes tristes yeux !

Là-bas, sur la colline, un jeu cimetière
Étale sa langueur d’Anglais sentimental,
Les délicats tombeaux, dans les lis et le lierre,
Font monter un sang de cristal.

Midi luit ; la villa des chevaliers de Malte
Choit comme une danseuse aux pieds brûlants et las.
Comme un fauve tigré l’air jaunit et s’exalte ;
Une nymphe en pierre vit là.