Page:Noailles - Les climats, 1924.djvu/61

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 51 —


Dans la chambre en faïence rouge
Où je meurs sous un éventail,
J’entends le bruit, qui heurte et bouge,
Des chèvres rompant le portail.

Ainsi, c’est aujourd’hui dimanche,
Mais, dans cet exil haletant,
Au cœur de la cité trop blanche,
On ne sent plus passer le temps ;

Il n’est des saisons et des heures
Qu’au frais pays où l’on est né,
Quand sur le bord de nos demeures
Chaque mois bondit, étonné.

Cette pesante somnolence,
Ce chaud éclat palermitain
Repoussent avec indolence
Mon cœur plaintif et mon destin ;

Si je meurs ici, qu’on m’emporte
Près de la Seine au ciel léger,
J’aurai peur de n’être pas morte
Si je dors sous des orangers…