Page:Noailles - Les climats, 1924.djvu/56

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 46 —

Je goûte vos parfums que les vents chauds inclinent,
Profonds magnolias, lauriers des Carolines…
Les rames, sur les flots palpitants comme un cœur,
Imitent les sanglots langoureux du bonheur.
Ô promesse de joie, ô torpeur juvénile !
Une cloche se berce au rose campanile
Qui, délicat et fier, semble un cyprès vermeil ;
Partout la volupté, la mélodie errante…
Ô matin de Stresa, turquoise respirante,
Sublime agilité du cœur vers le soleil !



Ô soirs italiens, terrasses parfumées,
Jardins de mosaïque où traînent des paons blancs,
Colombes au col noir, toujours toutes pâmées,
Espaliers de citrons qu’oppresse un vent trop lent,
Îles qui sur Vénus semblent s’être fermées,
Où l’air est affligeant comme un mortel soupir,
Ah ! pourquoi donnez-vous, douceurs inanimées,
Le sens de l’éternel au corps qui doit mourir !



Ah ! dans les bleus étés, quand les vagues entre elles
Ont le charmant frisson du cou des tourterelles,
Quand l’Isola Bella, comme une verte tour,
Semble Vénus nouant des myrtres à l’Amour,