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Les bateaux des pêcheurs, qu’un feu rouge éclairait,
Suivaient nonchalamment les vagues poissonneuses.
Le parfum du bétail marin, piquant et frais,
Ensemençait l’espace ainsi qu’un rude engrais.
Le ciel, ruche d’ébène aux étoiles fiévreuses,
À force de clarté semblait vivre et frémir…
Et je vis s’enfoncer sur la route rocheuse
Un couple adolescent, qui semblait obéir
À cette loi qui rend muets et solitaires
Ceux que la volupté vient brusquement d’unir,
Et qui vont, — n’ayant plus qu’à songer et se taire,
Comme des étrangers qu’on chasse de la terre…