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CE MATIN CLAIR ET VIF…



Ce matin clair et vif comme un midi du pôle,
Où le vent vient filer le blanc coton des saules,
Où, sur le pré touffu, de guêpes entr’ouvert,
On croit voir crépiter un large soleil vert,
Où glissent sur le Rhin, que franchit la cigogne,
Les chalands engourdis qui montent vers Cologne,
Où le village, avec ses lumineux sursauts,
Semble un cercle d’enfants jouant avec de l’eau ;
Où j’entends dans les airs les pliantes musiques
Que font en se croisant les brises élastiques ;
Ce matin exalté, qui, stagnant ou volant,
Semble appuyer à tout un baiser violent,
Où la blanche chaleur, somnolente tigresse,
Reprend tout l’univers dans sa vaste caresse,
Je songe, ô mon ami, dont je presse la main,
Où le vent vient filer le blanc coton des saules,