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Secrète expansion des odeurs, calme bruit,
Silencieux désir montant du fond des âges ?

Pourquoi nous faites-vous espérer le bonheur
Quand, par de là les lois, l’esprit, la conscience,
Vous ressemblez au but qu’entrevoit le coureur ?
Dans un séjour où rien n’est péché ni douleur,
Sous l’arbre désormais béni de la science
Vous convoquez les corps et les cœurs pleins d’ardeur !

Mais, hélas ! les humains et la grande Nature
N’échangent plus leur sombre et différente humeur ;
Entre eux tout est mensonge, épouvante, imposture ;
Les souhaits infinis, les peines, les blessures
Ne trouvent pas en elle un remède à leurs pleurs.
La terre indifférente, exhalant les senteurs,
N’a d’accueil maternel que pour celui qui meurt.

Terre, prenez les morts, soyez douce à leur rêve ;
Serrez-les contre vous, rendez-les éternels,
Donnez-leur des matins de rosée et de sève,
Mêlez-les à vos fruits, vos métaux et vos sels.

Qu’ils soient participants à vos soins innombrables,
Que, depuis le sol noir jusqu’au divin éther,
Plus léger, plus nombreux que les vents du désert,
Ils aillent légion furtive, impondérable !