Page:Noailles - Les climats, 1924.djvu/103

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 93 —


Dans l’éther frais et pur, et clair comme un couteau,
Le soleil romanesque en hésitant arrive,
Et sa paille dorée est comme un clair chapeau
Dont les bords lumineux s’inclinent sur la rive…

Automne, quel est donc votre séduction ?
Pourquoi, plus que l’été, engagez-vous à vivre ?
Bacchante aux froides mains, de quelle région
Rapportez-vous la pomme au goût d’ambre et de givre ?

Dans votre air épuré, argentin, élagué,
On entend bourdonner une dernière abeille.
Le soleil, étourdi et déjà fatigué,
Ne s’assied qu’un instant à l’ombre de la treille ;

Les rosiers, emmêlés aux rayons blancs du jour,
Les dahlias, voilés de gouttes d’eau pesantes,
Sont encore encerclés de guêpes bruissantes,
Mais la rouille du temps les gagne tour à tour.

La fontaine sanglote une froide prière ;
Dans le saule, un oiseau semble faire le guet,
Tant son cri est prudent, défiant, inquiet.
Mais les cieux, les doux cieux, ont des lacs de lumière…

Ces glauques flamboiements, cette poussière d’or,
Cet azur, embué comme une pensée ivre,