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TU VIS, JE BOIS L’AZUR…


Tu vis, je bois l’azur qu’épanche ton visage,
Ton rire me nourrit comme d’un blé plus fin,
Je ne sais pas le jour, où, moins sûr et moins sage,
Tu me feras mourir de faim.

Solitaire, nomade et toujours étonnée,
Je n’ai pas d’avenir et je n’ai pas de toit,
J’ai peur de la maison, de l’heure et de l’année
Où je devrai souffrir de toi.

Même quand je te vois dans l’air qui m’environne,
Quand tu sembles meilleur que mon cœur ne rêva,
Quelque chose de toi sans cesse m’abandonne,
Car rien qu’en vivant tu t’en vas.