Page:Noailles - Les Vivants et les Morts, 1913.djvu/61

Cette page a été validée par deux contributeurs.


T’AIMER. ET QUAND LE JOUR TIMIDE…


T’aimer. Et quand le jour timide va renaître,
Entendre, en s’éveillant, derrière les fenêtres,
Les doux cris jaillissants, dispersés, des oiseaux,
Éclater et glisser sur la brise champêtre
Comme des grains légers de grenades sur l’eau…
— T’espérer ! Et sentir que le golfe halette
En bleuâtres soupirs vers le ciel libre et clair ;
Et voir l’eucalyptus, dans la liqueur de l’air,
Agiter son feuillage ainsi que des ablettes !
— Voir la fête éblouie et profonde des cieux
Recommencer, et luire ainsi qu’au temps d’Homère,
Et, bondissant d’amour dans la sainte lumière,
La montagne acérée incisant le ciel bleu !
— Et t’attendre ! Goûter cette impudique ivresse
De songer, sans encor les avoir bien connus,
À ton regard voilé d’amour, à tes bras nus,