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JE MARCHAIS PRÈS DE VOUS…


Je marchais près de vous, dans mon jardin d’enfance.
Le soir uni luisait ; une calme innocence
Émanait des chemins, dépliés sous les cieux
Ainsi qu’un long secret franc et silencieux…
On entendait le lac, sur l’escalier de pierre,
Murmurer sa liquide et rêveuse prière
Qui, mollement, se heurte au languissant refus
Qu’oppose au cœur actif la nuit qui se repose…
Nous marchions lentement dans le verger touffu,
Où fraîchissait l’odeur des poiriers et des roses.
J’écoutais votre voix aux sons plaisants et doux.
Hélas ! je vous aimais déjà pour quelque chose
De vague, d’infini, d’antérieur à vous…
Un peuple de silence environnait ma vie.
Les fleurs au front baissé, par la nuit asservies,