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SEIGNEUR, POURQUOI L’AMOUR…


Seigneur, pourquoi l’amour et son divin supplice
Sont-ils, entre deux cœurs noblement rapprochés,
Comme un glaive qui rend une inique justice,
Et qui toujours châtie un mystique péché ?

Tour à tour l’un des deux est votre humble victime,
Il doute, il est brûlant, bondissant, abattu ;
Les regards hébétés il mesure l’abîme
Où le buisson ardent parlait, et puis s’est tu…

— Mon Dieu, dans ces amours, la douleur est si forte
Que, malgré le courage, on ne peut pas vouloir
Être celui des deux qui chancelle, et qui porte
Tout le poids d’un si lourd et cuisant désespoir ;