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IL PARAÎT QUE LA MORT…


Il paraît que la mort est naturelle et juste,
Que l’esprit s’y soumet, que des êtres, heureux,
Rient après avoir vu ces pâleurs auprès d’eux,
Et qu’ils ont accepté la loi sombre et vétuste.

Mais moi, portant la vie infinie en mon corps,
Je n’ai pas vraiment cru à cet inévitable,
J’ignorais que l’on pût subir l’inacceptable,
Je ne le saurais pas si vous n’étiez pas mort.

Ainsi ce soir est doux, l’ombre s’étend, respire,
Les arbres humectés savourent qu’il ait plu ;
Un train siffle, on entend des persiennes qu’on tire,
Tout l’air est bruissant, et tu ne l’entends plus !