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COMME VOUS ACCABLEZ VOS PRÉFÉRÉS…


— Comme vous accablez vos préférés, Seigneur !

Comme l’éclair, comme le vent, comme un voleur,
Vous vous jetez sur eux, dans un désordre étrange ;
Vous les frappez, avec l’essaim des mauvais anges ;
Vous faites rage, ainsi qu’un typhon sur la mer.
Ni les cris ni les pleurs dans les regards amers
Ne vous arrêtent. Vous secouez jusqu’aux moelles
Le pauvre cèdre humain qui louait vos étoiles !
Vous dispersez, avec votre bras forcené,
L’amour, qui consolait depuis que l’on est né.
Par la douleur physique et la douleur du rêve
Vous nous faites ployer ; on se courbe, on se lève,
Comme un rameau rompu qui lutte dans le vent.
On implore, et vos coups vont encor s’aggravant.