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SI VOUS PARLIEZ, SEIGNEUR…


Si vous parliez, Seigneur, je vous entendrais bien,
Car toute humaine voix pour mon âme s’est tue,
Je reste seule auprès de ma force abattue,
J’ai quitté tout appui, j’ai rompu tout lien.

Mon cœur méditatif et qui boit la lumière
Vous aurait absorbé, si, transgressant les lois,
Comme le vent des nuits qui pénètre les pierres
Votre verbe enflammé fût descendu sur moi !

Nul ne vous souhaitait avec tant d’indigence :
Je vous aurais fêté au son du tympanon
Si j’avais, dans mon triste et studieux silence,
Entendu votre voix et connu votre nom.