Page:Noailles - Les Vivants et les Morts, 1913.djvu/264

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Ô MONDE ! NOUS PASSONS…


Non par sa propre force, mais par celle que lui communiquait le dieu…
Euripide.


Ô monde ! nous passons sous ta voûte infinie,
Ayant tout rabaissé jusqu’à notre raison.
Les calmes lois, l’espoir paisible, les maisons
Sont une forteresse endormante et bénie.

Nous allons sans jamais trouver l’essentiel
De la terrible énigme à nos yeux suspendue ;
Et détournant leurs yeux prudents de l’étendue,
Les hommes au front bas ont oublié le ciel.

— Mais quelques-uns n’ont pas cette humble conscience ;
Ils n’ont pas accepté de leur commun destin
Ces résignations, cet oubli, ce dédain,
Qui leur permet d’errer avec indifférence.