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LE PRINTEMPS DU RHIN

(strasbourg)


Le vent file ce soir, sous un mol ciel d’airain,
Comme un voilier sur l’Atlantique.
On entend s’éveiller le Printemps souverain,
À la fois plaintif et bachique :

Un abondant parfum, puissant, traînant et las
Triomphe et pourtant se lamente.
Le saule a de soyeux bourgeons de chinchilla
Épars sur la plaine dormante.

Un bouleversement hardi, calme et serein
A rompu et soumis l’espace ;
Les messages des bois et l’effluve marin
S’accostent dans le vent qui passe !