La nuit, je me réveille, et comme une blessure,
Mon rêve déchiré te cherche aux alentours,
Et je suis cet avare éperdu, qui s’assure
Que son or luit toujours.
Je constate ta vie en respirant, mon souffle
N’est que la certitude et le reflet du tien,
Déjà je m’enfuyais de ce monde où je souffre,
C’est toi qui me retiens.
Parfois je t’aime avec un silence de tombe,
Avec un vaste esprit, calme, tiède, terni,
Et mon cœur pend sur toi comme une pierre tombe
Dans le vide infini !
J’habite un lieu secret, ardent, mystique et vague
Où tout agit pour toi, où mon être est néant ;
Mais le vaisseau alerte est porté par la vague,
Je suis ton Océan !
Autrefois, étendue au bord joyeux des mondes,
Déployée et chantant ainsi que les forêts,
J’écoutais la Nature, insondable et féconde,
Me livrer des secrets.
Page:Noailles - Les Vivants et les Morts, 1913.djvu/24
Cette page a été validée par deux contributeurs.
24
que m’importe aujourd’hui…