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LE CIEL BLEU DU MILIEU DU JOUR…


Le ciel bleu du milieu du jour vibre, travaille,
Encourage les champs, les vignes, les semailles,
Comme un maître exalté au milieu des colons !
Tout bouge ; sous les frais marronniers du vallon,
L’abeille noire, avec ses bonds soyeux et brusques,
Semble un éclat volant de quelque amphore étrusque.
Sur les murs villageois, le vert abricotier
S’écartèle, danseur de feuillage habillé.
Les parfums des jardins font aussi du sable
Une zone qui semble au cœur infranchissable.
L’air fraîchit. On dirait que de secrets jets d’eau
Sous les noirs châtaigniers suspendent leurs arceaux.
L’hirondelle, toujours par une autre suivie,
Tourne, et semble obéir à des milliers d’aimants :
L’espace est sillonné par ces rapprochements…
— Et parfois, à côté de cette immense vie
On voit, protégé par un mur maussade et bas,
Le cimetière où sont, sans regard et sans pas,
Ceux pour qui ne luit plus l’étincelante fête,
Qui fait d’un jour d’été une heureuse tempête !