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QUE M’IMPORTE AUJOURD’HUI…


Que m’importe aujourd’hui qu’un monde disparaisse !
Puisque tu vis, le temps peut glacer les étés,
Rien ne peut me frustrer de la sainte allégresse
Que ton corps ait été !

Même lorsque la mort finira mon extase,
Quand toi-même seras dans l’ombre disparu,
Je bénirai le sol qui fut le flanc du vase
Où tes pieds ont couru !

— Tu viens, l’air retentit, ta main ouvre la porte,
Je vois que tout l’espace est orné de tes yeux,
Tu te tais avec moi, que veux-tu qu’on m’apporte,
À moi qui suis le feu ?