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CHALEUR DES NUITS D’ÉTÉ…


Ô nuit d’été, maladie inconnue, combien tu me fais mal !
Jules Laforgue.


Chaleur des nuits d’été, comme une confidence
Dans l’espace épandue, et semblant aspirer
Le grand soupir des cœurs qui songent en silence,
Je vous contemple avec un désespoir sacré !

Les passants, enroulés dans la moiteur paisible
De cette nuit bleuâtre au souffle végétal,
Se meuvent comme au fond d’un parc oriental
L’ombre des rossignols furtifs et susceptibles.

Une femme, un enfant, des hommes vont sans bruit
Dans la rue amollie où le lourd pavé luit ;
C’est l’heure où les Destins plus aisément s’acceptent :