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AUTOMNE


Puisque le souvenir du noble été s’endort,
Automne, par quel âpre et lumineux effort,
— Déjà toute fanée, abattue et moisie, —
Jetez-vous ce brûlant accent de poésie ?
Votre feuillage est las, meurtri, presque envolé.
C’est fini, la beauté des vignes et du blé ;
Le doux corps des étés en vous se décompose ;
Mais vous donnez ce soir une suprême rose.

— Ah ! comme l’ample éclat de ce dernier beau jour
Soudain réveille en moi le plus poignant amour !
Comme l’âme est par vous blessée et parfumée,
Triste Automne, couleur de nèfle et de fumée !…