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LE RETOUR AU LAC LÉMAN


Je retrouve le calme et vaste paysage :
C’est toujours sur les monts, les routes, les rivages,
Vos gais bondissements, chaleur aux pieds d’argent !
Le monde luit au sein de l’azur submergeant
Comme une pêcherie aux mailles d’une nasse ;
Je vois, comme autrefois, sur le bord des terrasses,
Des jeunes gens ; l’un rêve, un autre fume et lit ;
Un balcon, languissant comme un soir au Chili,
Couve d’épais parfums à l’ombre de ses stores.
Le lac, tout embué d’avoir noyé l’aurore,
Encense de vapeurs le paresseux été ;
Et le jour traîne ainsi sa parfaite beauté
Dans une griserie indolente et muette.
Soudain l’azur fraîchit, le soir vient ; des mouettes
S’abattent sur les flots ; leur vol compact et lourd
Qui semble harceler la faiblesse du jour