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J’ESPÈRE DE MOURIR…


J’espère de mourir d’une mort lente et forte,
Que mon esprit verra doucement approcher
Comme on voit une sœur entrebâiller la porte,
Qui sourit simplement et qui vient vous chercher.

Je lui dirai : Venez, chère mort, je vous aime,
Après mes longs travaux, voici vos nobles jeux.
J’ai longtemps refusé votre secours suprême,
Car si le corps est las, l’esprit est courageux.

Mais venez, délivrez un courage qui s’use,
Abrégez le combat, rendez à l’univers
L’immense poésie embuée et confuse
Dont mon âme et mon corps ont si longtemps souffert !