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MIDI SONNE AU CLOCHER DE LA TOUR SARRASINE


« Ne recherche pas la cause de la turbulence : c’est l’affaire de la mystérieuse nature… »


Midi sonne au clocher de la tour sarrasine.
Un calme épanoui pèse sur les collines ;
Les palmes des jardins font insensiblement
Un geste de furtif et doux assentiment.
Le vent a rejeté ses claires arbalètes
Sur la montagne, entre la neige et les violettes !
Les rumeurs des hameaux ont le charme brouillé
D’une vague, glissant sur de blancs escaliers…
— Ô calme fixité, que ceint un clair rivage,
L’Amour rayonne au centre indéfini des âges ! —
Un noir cyprès, creusé par la foudre et le vent,
Ondulant dans l’air tiède, officiant, rêvant,
Semble, par sa débile et céleste prière,
Un prophète expirant, entr’ouvert de lumière !