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LA MESSE DE L’AURORE À VENISE


Des femmes de Venise, au lever du soleil,
Répandent dans Saint-Marc leur hésitante extase ;
Leurs châles ténébreux sous les arceaux vermeils
Semblent de noirs pavots dans un sublime vase.

— Crucifix somptueux, Jésus des Byzantins,
Quel miel verserez-vous à ces pauvres ardentes,
Qui, pour vous adorer, désertent ce matin
Les ronds paniers de fruits étagés sous les tentes ?

Si leur cœur délicat souffre de volupté,
Si leur amour est triste, inquiet ou coupable,
Si leurs vagues esprits, enflammés par l’été,
Rêvent du frais torrent des baisers délectables,