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musique pour les jardins de lombardie

Qui montre ses flancs d’or, mais dont les douces jambes
Se voilent des soupirs du lac voluptueux…
— Ô tristesse, plus tard, dans les nuits parfumées,
Quand les chauds souvenirs ont la moiteur du sang,
De revoir en son cœur, les paupières fermées,
Et tandis que la mort déjà sur nous descend,
Les suaves matins des îles Borromées !…



Je goûte vos parfums que les vents chauds inclinent,
Profonds magnolias, lauriers des Carolines…
— Les rames, sur les flots palpitants comme un cœur,
Imitent les sanglots langoureux du bonheur.
Ô promesse de joie, ô torpeur juvénile !
Une cloche se berce au rose campanile
Qui, délicat et fier, semble un cyprès vermeil ;
Partout la volupté, la mélodie errante…
— Ô matin de Stresa, turquoise respirante,
Sublime agilité du cœur vers le soleil !



Ô soirs italiens, terrasses parfumées,
Jardins de mosaïque où traînent des paons blancs,
Colombes au col noir, toujours toutes pâmées,
Espaliers de citrons qu’oppresse un vent trop lent,