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l’amitié


Le jour où l’un se lève et devant l’autre passe
Dans le noir paradis,
Vous ne serez plus jeune, et moi je serai lasse
D’avoir beaucoup senti ;

Je ne chercherai pas à retarder encore
L’instant de n’être plus ;
Ayant tout honoré, les couchants et l’aurore,
La mort aussi m’a plu.

Bien des fronts sont glacés qui doivent nous attendre,
Nous serons bien reçus,
La terre sera moins pesante à mon corps tendre
Que quand j’étais dessus.

Sans remuer la lèvre et sans troubler personne,
L’on poursuit ses débats ;
Il règne un calme immense où le rêve résonne,
Au royaume d’en-bas.

Le temps n’existe point, il n’est plus de distance
Sous le sol noir et brun ;
Un long couloir, uni, parcourt toute la France,
Le monde ne fait qu’un ;