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L’AUBERGE D’AGRIGENTE


Rien ne vient à souhait aux mortels…

Paul le Silentiaire.

Dans un de ces beaux soirs où le puissant silence
Répond soudain, dans l’ombre, à l’esprit, interdit
D’écouter cet élan venant des Paradis
Contenter le désir qu’on a depuis l’enfance ;

Dans un de ces soirs chauds qui nous fendent le cœur,
Et, comme d’une mine où gisent des turquoises,
Viennent extraire en nous de secrètes lueurs,
Et guident vers les cieux notre pensive emphase ;

Dans ces languides soirs qui font monter du sol
Des soupirs de parfums, j’étais seule, en Sicile ;
Une cloche au son grave, ébranlant l’air docile,
Sonnait dans un couvent de moines espagnols.

Je songeais à la paix rigide de ces moines
Pour qui les nuits n’ont plus de déchirants appels.