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dans l’azur antique


Des insectes brûlants voilaient mes deux mains nues :
Je contemplais le sort, la paix, l’azur si long,
Et parfois je croyais voir surgir dans la nue
La lance de Minerve et le front d’Apollon.

Devant cette splendeur sereine, ample, équitable,
Où rien n’est déchirant, impétueux ou vil,
Je songeais lentement au bonheur misérable
De retrouver tes yeux où finit mon exil…



Je jette sous tes pieds les noirs pipeaux d’Euterpe,
Dont j’ai fait retentir l’azur universel
Quand mes beaux cieux luisaient comme des coups de serpe,
Quand mon blanc Orient brillait comme du sel !

Je quitte les regrets, la volonté, le doute,
Et cette immensité que mon cœur emplissait,
Je n’entends que les voix que ton oreille écoute,
Je ne réciterai que les chants que tu sais !