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LES SOIRS DU MONDE


Ô soirs que tant d’amour oppresse,
Nul œil n’a jamais regardé
Avec plus de tendre tristesse
Vos beaux ciels pâles et fardés !
J’ai délaissé dès mon enfance
Tous les jeux et tous les regards,
Pour voguer sans peur, sans défense,
Sur vos étangs qui veillent tard.
Par vos langueurs à la dérive,
Par votre tiède oisiveté,
Vous attirez l’âme plaintive
Dans les abîmes de l’été…

— Ô soir naïf de la Zélande,
Qui, timide, ingénu, riant,
Semblez raconter la légende
Des pourpres étés d’Orient !