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AINSI LES JOURS ONT FUI…


Ainsi les jours ont fui sans que mes yeux les comptent ;
Je n’ai pas vu passer les mois et les saisons ;
Je cherchais seulement si l’année assez prompte
Apporterait un peu de calme à ma raison.

J’ai, sous le ciel sans joie, attendu sans faiblesse
Qu’un océan d’amour se desséchât sur moi ;
Je ne pouvais prévoir à quelle heure s’abaisse
Le soleil effrayant des douloureux émois.

Enfant, j’avais lutté contre les destinées
Avec l’élan du flux et du reflux des mers ;
Mais une âme trop lasse est surtout étonnée :
Je ne m’évadais pas de cet anneau de fer.