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le monde intérieur


« Tu les recueilleras au creux des mains ouvertes
Où coule en fusion l’or de la volupté,
Il n’est pas d’autre azur, ni d’autres forêts vertes
Que ces embrasements plus fauves que l’été !

« L’amour qui me ressemble et qui n’a pas de rives
Te rendra ces transports, ces transes, ces clartés,
Ces changeantes saisons, riantes ou plaintives,
Qui t’avaient attachée à notre immensité. »

— Et je me sens alors hors du monde, infidèle,
Étrangère aux splendeurs des prés délicieux,
Où le feuillage uni et nuancé rappelle
La multiplicité du regard dans les yeux.

Et je reviens à vous, ardente et monastique,
Ô Méditation, Archange audacieux,
Ville haute et sans borne, éparse et sans portique,
Où mon cœur violent a le pouvoir de Dieu !…