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14 JUILLET 1919



Des hommes vont passer sous l’arche triomphale
Qui semble un cri de pierre entr’ouvert sur l’azur ;
Forts comme les torrents, fiers comme la rafale,
Ils vont, ceux dont le bras fut agissant mais pur.

Pour conquérir le droit de traverser la pierre
Qui, comme la Mer Rouge, a relevé deux bords,
Ces grands prédestinés ont fixé leurs paupières
Quatre ans, placidement, sur l’angoisse et la mort.

Ils ont lutté sachant que chaque moment tue,
Que les combattants n’ont ni vœux ni lendemains ;
Mais, cédant l’éphémère à ce qui perpétue.
Ces âmes se léguaient à l’avenir humain.

La nation que seul l’honneur pouvait convaincre
Avait de ses vivants fait deux sublimes parts :
Ceux qui devaient mourir et ceux qui devaient vaincre,
Et voici les vainqueurs ; — leur surprenant regard