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L’AVENIR


Et, puisque dans l’élan des juvéniles forces
L’homme reste un guerrier, un chasseur irrité,
Que son ardente sève, en déchirant l’écorce,
Brûle dans la musique et dans la volupté !

Les temps seront alors justes comme une fable,
Déjà des chants joyeux montent dans l’air serein,
Et voici que verdit la forêt innombrable
Dont chaque feuille mord un peu d’azur divin !

— Ah ! que, les yeux fermés, tout être se souvienne
De sa naïve enfance et des matins légers.
Du cercle de rosiers où des abeilles viennent,
Des groseilliers luisant au centre du verger.

Que sentant comme il est auguste et doux de vivre,
Comme le temps est court pour servir la beauté,
Comme chaque journée à nouveau nous enivre,
Il dise : Je le crois, voici la Vérité :

La Vérité, c’est vous, paix des plaines fécondes,
C’est vous, calme Justice au front lucide et pur,
C’est vous divin Soleil, Penseur ailé du monde,
Qui, rompant vos liens, bondissez dans l’azur !…