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L’AVENIR


De l’exaltation pour le rêve et la vie,
Pour la joie et les jeux dans les libres cités,
Pour la multiple ardeur de lents loisirs suivie,
Pour le visage ovale et moite de l’Été !

Qu’une foule éblouie à ton appel réponde.
Qu’on pleure d’allégresse, et que notre âme soit
De l’éternel azur et du milieu du monde.
Et sente étinceler tout l’univers en soi !

— Ô Terre, que les dieux nous ont faite si belle !
Qui portez mollement, dans le matin rosé,
Les Monts Euganéens dont l’orgueil bleu ruisselle,
La Grèce, où le talon de Vénus s’est posé,

Qui portez les bosquets des Eaux-douces d’Asie,
Les Îles, que leur chaud feuillage fait plier,
Le corps dansant et doux de l’ivre Andalousie
Qui rit et luit, debout dans ses divins souliers,

Qui portez les jardins penchants de la Touraine,
L’Île-de-France heureuse, et Paris vigilant
Qui soupire et rugit pour toute peine humaine
Comme un lion de qui l’on tourmente les flancs,