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ENTRE LES TOMBEAUX ET LES ASTRES


Ainsi parlent entre eux les astres lents qui songent :
Moines autour du puits de la lune rêvant,
Et le parfum des nuits qui se berce et s’allonge
Dans les hamacs légers des vents !

— Ô morts, nous répondrons à vos voix qui tressaillent ;
Avancez vers nos cœurs vos invisibles mains,
Voici, pour célébrer vos grandes fiançailles.
Toutes les filles des humains !

Les yeux toujours levés, l’âme habitant l’espace,
Le peuple féminin, comme un peuple d’oiseaux,
Fendra la noble nue où jamais ne s’effacent
Les exploits jaillis de vos os !

Quel homme arrêterait ces hautes hirondelles
Et les saurait tenir sous un joug assez sûr ;
Elles s’échapperont, adroites infidèles,
Et vous rejoindront dans l’azur !

Vous serez leur époux épars et tutélaire,
Et seul votre ample amour ne sera point trahi,
Car tout vivant délaisse un autre sur la terre
En se tournant vers l’infini !…



Février 1917.