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LE DEPART
(Août 1914)


« Quand la Liberté vous appelle
Sachez vaincre ou sachez mourir. »


On les voyait partir, se plaçant dans l’Histoire,
Régiments déliés, Alphabet des Victoires,
Stances au pas rythmé d’un poème éternel…
Leur calme résolu, grave et noble, était tel
Qu’on n’eût pu deviner à leur marche affermie
S’ils partaient pour un jour ou pour l’heure infinie.

Ainsi vont les soldats pleins d’un même génie…

Mais dès qu’ils ont touché le sol d’Alsace, — quand
Ils ont vu s’élancer tous les ruisseaux fringants
Qui venaient accueillir et porter les nouvelles,
Quand l’été flamboyant gisant sur les airelles,
Quand le galop léger du vent dans les forêts,
Quand enfin l’inquiet et l’unanime apprêt